
11 novembre 2024
LA PREMIÈRE NUIT. L’océan a-t-il compris qu’il fallait leur accorder un petit répit ? Que les vagues d’émotions qu’ils avaient essuyé en quittant les pontons des Sables d’Olonne étaient bien suffisantes pour ne pas y ajouter quelques rafales et déferlantes ? Qu’après la tempête populaire à terre, ces drôles de créatures que sont les marins en solitaire, plus familiers de la houle que de la foule, avaient besoin d’un petit sas de décompression, comme pour mieux digérer ce qu’ils venaient d’expérimenter...
Le premier coucher de soleil doré sur l’horizon, le premier crépuscule, la première nuit… Tout fut comme un cadeau inespéré de l’automne atlantique offert aux 40 marins officiellement lancés sur cette dixième édition du Vendée Globe. Après des premières heures de course au ralenti avec les voiles qui battent, le vent s’est progressivement levé sur la flotte, venant libérer un à un les concurrents et leur permettre, à une petite dizaine de nœuds de foulée moyenne, de faire disparaître dans leur sillage la côte vendéenne. Qui aurait parié sur cette parenthèse de douceur, sous un clair de lune bienveillant ?
« C’est tranquille, on est au portant, la nuit est belle… On ne peut pas demander beaucoup mieux que ça pour se mettre dans le bain et redescendre doucement après les émotions de ce matin, de ce midi », commentait ainsi Clarisse Crémer, visiblement soulagée de cette accalmie après avoir « pas mal pleuré aujourd’hui ».
« Encore pas mal émue », la navigatrice de L'Occitane en Provence profitait de ces instants suspendus pour « retrouver ses marques ». Évoluant dans les quinze premières places au classement - « so far, so good, comme disent nos amis les Anglais » - la skipper expliquait vouloir « prendre les choses “step by step”, heure après heure, vague après vague… »
S’il en est un autre qui a dû prendre les choses avec philosophie en ce premier jour de course, c’est bien le Néo-Zélandais Conrad Colman ! Dans un changement de voile juste avant le départ, l’écoute de son grand gennaker file dans l’eau et s’enroule autour de l’hélice. « Ça a calé le moteur, ça bloquait l’écoute et ça empêchait le bateau d’être manœuvrable, résume encore navré de sa mésaventure le marin de 40 ans, qui rêvait d’autres retrouvailles avec le Vendée Globe. Donc j’ai gardé l’équipe à bord avec moi, ce qui fait que je n’ai pas respecté le délai pour débarquer mes équipiers, et donc je ne pouvais plus prendre le départ comme les autres, même un petit peu en retard ! Du coup j’ai demandé à bénéficier du protocole de départ décalé… »
Un peu plus d’une heure après ses petits camarades, le skipper de l’IMOCA MS Amlin s’est enfin élancé, depuis une ligne de départ plus proche de la côte déterminée par la Direction de Course. Résultat ? Si les premiers bords du “Crazy Kiwi” se font dans un calme plat, voilà vite le marin propulsé par un vent favorable… au point de prendre même brièvement, trois heures plus tard, les commandes de la flotte !
source : Vendée Globe